Voici l’original créneau du Jardin Rouge, dont les premières pierres ont été posées en 2006 à une vingtaine de kilomètres de Marrakech. Ici, des artistes de toutes nationalités ont le lieu idéal où créer et s’inspirer pour des projets artistiques de grande ampleur. Ouvert au public seulement sur demande, pour préserver leur travail, deux présentations des travaux de résidence sont actuellement au programme. Celle consacrée à Reso, Cédric Lascours de son vrai nom, et celle de Tarek Benaoum.
Le premier rend hommage aux empreintes urbaines et mène une réflexion sur la mémoire, sous le nom de «Terrains de Je». Ce travail correspond parfaitement au lieu, car il opère sur la matière brute et les couleurs élémentaires. Le rouge, bleu, jaune redonnent vie à des objets de deuxième main, récupérés dans la médina de Marrakech.
Cet autodidacte, comme beaucoup dans le milieu, est passé de la rue à la galerie. Sûrement la meilleure école. Estampillé «street culture», il grandit en skatant dans les lieux désaffectés de Toulouse. Suivant la tendance d’une culture hip-hop new-yorkaise, et comme d’autres avant lui, notamment le célèbre graffeur Tilt, il s’essaye à l’art de l’aérosol. Premiers tags et tout bascule. Le graffiti devient alors son nouveau mode de vie.
Tout en gardant cette âme, ses œuvres se sont enrichies d’inspirations glanées de ses voyages. Et puis, il y a sûrement les bienfaits de la maturité aussi. Reso en est à sa 3e résidence à Jardin Rouge. Hyper productif, pour cette présentation, il a réalisé une quinzaine de toiles en jute et carton et 6 sculptures, qui sont des compressions de boîtes de conserve, de canettes ou de bombes aérosols. Un travail qui, de son aveu, l’a fasciné.
Cet artiste met en lumière la lettre, son créneau plein d’énergie, dont on perçoit immédiatement le mouvement. L’harmonie globale se scelle alors avec ses couleurs. Avec le Jardin Rouge de Marrakech comme décor, tout devient cohérent.
Pour y être en résidence, il faut avoir en tête un projet artistique différent de ce que l’artiste a l’habitude de présenter. Pour Tarek Benaoum, qui signe ici une quinzaine de toiles, il s’agissait de valider ses acquis et de s’essayer à de nouvelles matières et couleurs. Faire alors évoluer sa calligraphie.
Les pigments notamment, il les a lui aussi trouvés dans la médina. Né à Salé, avant de s’installer à Paris, Tarek a un attachement particulier pour le Maroc et une vraie facilité à s’en inspirer dans ses œuvres. Ce virtuose de la calligraphie et de la peinture murale enchaîne les projets un peu partout dans le monde. Tarek n’a rien à envier. Ses œuvres offrent un style au scalpel dont la force est de pouvoir embellir une façade de rue comme le mur d’une maison bourgeoise. Du grand art.
Stéphanie JACOB
@L’Economiste