L’arrière pays vous connaissez ? Et le tourisme périphérique, cela vous dit-il quelque chose ? Au travers d’une réflexion autour du plan Azur et de Kounouz Biladi, le ministre du Tourisme se propose d’éclairer notre lanterne.
LE TEMPS : Vous ambitionnez de booster ce que vous appelez «le tourisme dans les arrières pays». Pensez-vous que la demande suivra ?
Lahcen Haddad : Je vous l’accorde. Le tourisme dans ces régions reste très faible et n’arrive toujours pas à occuper une place prépondérante. Néanmoins, le ministère que je dirige table énormément sur le tourisme dans les régions peuconnues. Il faut signaler
que le tourisme dans les arrières pays est une véritable niche appelée à se développer à l’avenir, surtout avec la mise en place d’une panoplie de programmes touristiques destinés à ces régions-là. Notre souci majeur consiste en la démocratisation du tourisme dans notre pays. Il est inacceptable que seules quelques grandes villes du Royaume puissent bénéficier de la part du lion en termes d’affluence touristique. Je pense que les petites villes et même les petits villages doivent aujourd’hui être considérés comme des cultures à part entière, qui méritent de bénéficier de leur part de développement et d’équipement. Ceci permettra d’en faire des destinations de choix, tout en améliorant la qualité de vie des habitants.
Mais votre ambition ne sera pas facile à réaliser, d’après des professionnels du secteur. Qu’en pensez-vous ?
L.H : Je suis tout à fait conscient que la mission que je me suis fixée ne sera pas de tout repos. Il y aura certainement énormément de défis qui entraveront la promotion des petites villes et régions éloignées, en tant que destinations touristiques de choix. Le principal défi consistera en notre capacité de rendre les destinations, considérées jadis comme inutiles, en destinations de choix, qui pourraient répondre aux attentes de chaque catégorie de touristes. Nous allons moderniser les régions montagneuses pour qu’elles puissent offrir à la fois calme et infrastructures adaptées, qui garantissent un niveau de distraction satisfaisant. Les touristes marocains et étrangers sont de plus en plus à la recherche de tourisme écologique et montagneux. Nous ne pouvons laisser passer ce créneau touristique qui se développe à grands pas.
Le Plan Azur accuse un retard en termes de réalisation. Est-ce une fatalité de voir tant de projets à la traîne ?
L.H : Le retard dont vous parlez est principalement dû à la conception initiale des stations touristiques. Aussi, plusieurs investisseurs se sont retirés de ce plan, en raison de la crise économique mondiale. Je tiens à vous assurer que nous reprendrons la situation en main. Je pense que dans les trois ou quatre années à venir, nous disposerons de stations balnéaires d’envergure qui pourront redynamiser l’offre touristique dans le cadre du Plan Azur.
Il semblerait que la Vision 2020 ne soit plus qu’un bon vieux souvenir. Commentaire ?
L.H : Pas du tout. La Vision 2020 est vitale pour le tourisme dans notre pays. Nous sommes appelés à élargir notre champ de travail pour sa réalisation. En d’autres termes, nous devons amener les touristes à visiter non seulement les grandes stations balnéaires, mais aussi les régions avoisinantes qui ne bénéficient jusque-là ni d’une grande popularité ni d’attractivité.
L’opération Kounouz Biladi trouve également des difficultés à décoller. Est-ce une fatalité de voir tant de programmes échouer ?
L.H : Nous venons de relancer ce programme il y a deux ou trois mois. Cette initiative a été au contraire bien accueillie par les citoyens. Aujourd’hui, notre travail est axé sur l’étude approfondie de ce programme et sur les moyens qui permettraient de le revaloriser. Notre souhait est que Kounouz Biladi soit opérationnel tout au long de l’année, non pas uniquement durant la période estivale. Dans le même souci, nous comptons élargir les réseaux d’hôtels adhérant à ce programme. Les professionnels du secteur sont appelés à nous soutenir afin de réaliser nos objectifs touristiques.
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