LES circuits des villes impériales constituent une valeur sûre de la vitrine de la destination marocaine et restent son fer de lance sur le marché mondial du tourisme. Faute d’avoir lancé la demi-douzaine de stations balnéaires prévues dans le plan Azur, le Maroc continue à gagner des positions en s’appuyant sur les villes impériales. Marrakech, Meknès, Fès et le Grand Sud forment l’avant-garde de cette niche.
Mais depuis 3-4 ans, El Jadida, Essaouira, Tanger, voire Saïdia s’affirment comme des places fortes des circuits organisés, révèle Aziz El Hajji, responsable commercial d’une agence de la place.Le développement de l’infrastructure autoroutière a élargi les possibilités de connectivité rapide avec de nouvelles contrées, ajoute-t-il. L’Europe reste le principal marché émetteur de tourisme de circuits, mais la nouveauté est l’émergence de nouveaux marchés en Asie, notamment le Japon. Si les volumes restent petits, la croissance, en revanche, est à deux chiffres, au-dessus de 15% par an.
Le marché des circuits représente un peu plus de 2,5 millions de nuitées par an, assure Othman Chérif Alami, ancien président de la Fédération nationale du tourisme. Mais son importance tient au fait qu’il est avant tout un véritable indicateur de la qualité du produit d’une destination car il fait intervenir toute la chaîne d’opérateurs dans un forfait vacances: transporteurs, hôteliers, agents de voyages, restaurateurs, guides, etc.
Cette niche ne connaît pas de saisonnalité, et présente donc l’avantage de positionner la destination marocaine toute l’année dans les radars des grands T.O. Elle assure par ailleurs un matelas d’activité aux cités moyennes à proximité de grands pôles touristiques. A Meknès, voire Beni Mellal, l’hôtellerie ne vit que grâce à la clientèle des circuits organisés, explique Othman Chérif Alami. C’est aussi un produit qui résiste le mieux au retournement de la conjoncture, et très sensible aux problèmes géopolitiques. En 2011, au plus fort du «printemps arabe», la demande s’était effondrée jusqu’à 50% dans des cas extrêmes, révèle Othman Chérif Alami.
L’offre des circuits organisés est segmentée en plusieurs catégories. Le package de base comprend 7 jours «all inclusive» en hôtel 4-5 étoiles et la formule combinée villes impériales/Sud 9 jours. Au départ de l’Europe, le package «standard» de 7 jours/8 nuitées, vaut en moyenne entre 450 et 650 euros hors aérien.
Le «Grand tour du Maroc» dure 12 jours, soit l’équivalent de 11 nuits. Dans les trois cas, les séjours ont supérieurs à la durée moyenne de séjours qui plafonne entre 3 et 4 jours. A ce titre, les circuits sont de vrais amortisseurs de la crise, selon les professionnels. La concurrence avec d’autres destinations se joue sur le rapport qualité/prix et la totalité de la chaîne de prestataires: hébergement, transport, guide, restauration, hygiène, etc. L’attractivité du pays en matière d’histoire et de civilisation fait le reste, mais ne suffit pas. La moindre faille sur l’un des maillons de la chaîne du produit peut entamer gravement la réputation de la destination car la prescription se fait souvent par bouche à oreille.
A travers ses villes impériales, le Maroc tient un véritable «musée à ciel ouvert», commente Othman Chérif Alami. Aujourd’hui, la réputation de la destination est excellente auprès des TO sur le segment des circuits, au regard du rapport qualité-prix, poursuit-il. Mais il reste à développer l’animation et les spectacles, l’hygiène et la sécurité, entre autres. La mise à niveau des guides touristiques a été un élément crucial dans ce renouveau.
